Confidence : J’hésite à arrêter mon allaitement.

Confidence : J’hésite à arrêter d’allaiter.

J’ai décidé décidé de partager avec vous mes émotions, mes envies, autour de ma maternité mais surtout ce qui me prend le plus de temps, d’énergie et de patience : le sommeil de mon bébé.

J’ai envie de commencer ce récit par mon état d’esprit avant l’accouchement, avant ma grossesse j’avais mille fois entendu des jeunes parents se plaindre de leur fatigue, de les entendre dire que « c’est difficile, mais tellement de bonheur » et parce que je manque terriblement d’humilité je me disais  » Ca ne peut pas être pas si difficile que ça ». J’ai relevé la plupart des défis que je me suis fixée dans ma vie, je pensais donc y arriver encore une fois haut les mains.

Je me souviens de la sage-femme qui me dit  » Faudra qu’elle tête toutes les deux heures pour provoquer la montée de lait », donc dans ma tête une fois que la montée de lait aurait eu lieu, elle dormirait : en toute logique.

Mon accouchement s’étant passé à la maison comme je le voulais, je planais et j’ai longtemps vécu dans le déni, parce que tout ne se passait pas comme il le fallait. Mon bébé ne voulait jamais être posée sur le dos, il fallait toujours la portée, elle ne dormait que dans certaines positions, elle avait de sérieux gaz et rots, elle pleurait beaucoup même en journée sans raisons apparente, elle tirait la langue, elle fronçait en permanence les sourcils, elle régurgitait toutes les heures avec ou sans repas.

Et quand j’en parlais souvent on me répondait « C’est normal, c’est un bébé », ce que beaucoup ignorait à ce moment là c’est que les conséquences c’était moi qui les vivais. J’ai choisi de faire les nuits seule dès le début parce que je voyais les effets du manque de sommeil sur mon compagnon, je voyais bien qu’avec l’allaitement j’avais une ressource en plus sans compter mon hypervigilance maternelle qui m’empêchait totalement de lâcher prise et de laisser ma fille à d’autres.

La situation est restée inchangée jusqu’à ses quatre mois, ou une journée entière passée dans les pleurs, je me retrouve à dire « C’est pas possible, il doit y avoir autres choses, c’est l’enfer… ». J’ai appelé la secrétaire du médecin, je lui ai dit que mon bébé régurgitait toutes les 15 minutes, qu’elle ne faisait que de pleurer, qu’elle ne prenait pas le sein, que je le sentais mon bébé souffrait. Mais sa réponse m’a donné la sensation d’être prise pour une idiote «  Madame, c’est un bébé c’est normal qu’il pleure, ce n’est pas grave si elle ne prend pas le sein vous lui reproposerait plus tard… ».

J’ai été voir à la suite de ça une ostéopathe, peut-être que c’était simplement qu’elle était encore coincée, je lui ai demandé : « Est-ce qu’elle n’a pas un frein ? quelque chose qui la gêne ? », sa réponse en parlant des freins  » J’ai vu pire… »

Elle a vu pire ? Mais qu’est ce que cela veut dire ? Que je m’imagine des choses ? Que ce n’est pas la raison de son problème ? Que c’est normal ? Pas normal ? Qu’est-ce que ça veut dire ?

Les commentaires et conseils continuaient de fuser dans tous les sens

Dès qu’on osait se plaindre. Parce que même si l’ensemble des nuits je les faisais seule, il arrivait certaines nuits que les pleurs étaient tels que personne ne pouvaient dormir. Et surtout que j’avais besoin de relais, je sais que si c’était nécessaire, ce n’était jamais un problème que je réveille mon compagnon.

  • « mets la dans sa chambre »
  • « C’est la faute de l’allaitement »
  • « Oui mais vous dormez avec »
  •  « Mets la dans son lit »
  • « Faut qu’elle mange »
  • « Mets lui des céréales dans le biberon »
  • « Laisse la pleurer ! »
  • « Tu lui cherche des maladies alors qu’elle va bien ! »

Je pense que c’est la dernière phrase qui m’a fait le plus de mal, je me suis alors remise en question  » C’est vrai après tout, il n’y a que moi qui pense que quelque chose ne va pas ». Alors qu’en réalité, je n’ai surtout pas été entendue une seule fois, je n’ai trouvé à aucun moment une oreille de professionnel pour m’accompagner, même lorsque je n’étais pas présente à un rendez-vous, le professionnel trouvait le moyen de me remettre la  faute sur moi.

Envie de lire d’autres articles ? 

Inlassablement on me renvoie que c’est toujours la faute de la mère.

Il n’y avait pas d’enfant qui aille mal, il y avait des parents incompétents.

A 6 mois, elle se réveillait toutes les 45 minutes, j’ai alors choisi un accompagnement pour le sommeil, mais la condition pour que tous leurs conseils fonctionnent : qu’il n’y ait pas de frein au sommeil (petit jeu de mots au passage). Donc oui, leurs conseils ont permis d’améliorer certains aspects de son sommeil.

Mais les choses se sont compliquées à ce moment-là au moment ou nous avons commencé la diversification.

Toutes les nuits il fallait se lever pour l’aider à faire caca, l’entendre hurler de douleurs, les siestes et l’endormissement durait une éternité à coup de bercement. J’ai décidé d’agir : j’arrête les produits laitiers d’origine animal.

Ca a mis deux semaines, mais les amélioration étaient là : plus de réveils total nocturnes, des selles normales des plages de sommeil plus longues. Mais toujours des réveils tétées fréquents la nuit.

Je n’ai à ce jour aucun diagnostique qui valide ma théorie de l’intolérance au lactose, si ça se trouve je me suis juste privée depuis des mois de bons fromages pour rien.

Les nuits difficiles se sont à nouveau enchainées et j’ai dit « STOP, j’en peux plus j’ai besoin de dormir ! » . J’arrête au moins d’allaiter la nuit. J’ai donc choisi de consulter une conseillère en lactation qui me dit alors la chose la plus surprenante  » Votre allaitement est ce qui vous a permis de dormir ».

WHAT ?! Elle ose me dire ça à moi ??? qui n’ait pas dormi plus de deux heures d’affilées en bientôt un an ?

 » Votre fille a probablement un frein de langue qui l’empêche de coller sa langue au palais et lui rend difficile de rester endormie. Elle se sert donc ce votre sein pour s’apaiser, et se rendormir. Si vous n’aviez pas allaité, elle vous aurait demandé régulièrement un biberon de la même façon et peut-être que ça aurait été plus épuisant encore. »

Elle me conseille alors une chiropractrice formée aux freins, quatre jours plus tard on la rencontre, elle me le confirme et me précise « On doit agir rapidement parce que passé 15 mois les dentistes ne font plus l’opération et attendent les 3 ans. »

J’ai ressenti un soulagement, et en même temps l’info était clair « Tant que le frein n’est pas traité, elle ne pourra pas trouver un sommeil serein ».

Mais laissez-moi le dire : chaque nuit avec réveil est une nuit qui vient chercher dans mes ressources.

Chaque endormissement trop long, me demande une énergie que je n’ai pas, plus.

Et j’en viens à penser « Laisse la pleurer. » Je la tient dans mes bras elle ne dort pas et je me dis  » Balance-la ». Puis je m’en rend compte que ces pensées sont dangereuses, mais comment les stopper.

Je pense des fois :  » Je comprends les parents qui cèdent et qui secouent leurs bébés », je les comprends parce qu’on est à bout, qu’on n’a plus l’énergie, que je dois travailler la journée à un rythme dingue alors que je ne dors pas, que je rentre pour être engouffrée dans le quotidien alors que je ne dors pas, pour être assommée par des conseils intrusifs, que je dois accepter parce qu’ils sont « bienveillants » alors que je ne dors pas.

Je vois dans le regard de certains parents qui ont du se retrouver dans la même situation que nous, « Nous on a laissé pleurer. C’était dur mais c’est la seule chose qui a marché » et je les comprends ! Mais j’en suis incapable. Bloquée sur les informations qu’on nous donne qui disent tout et son contraire « Ne pas laisser pleurer, cela fait monter le taux de cortisol, l’hormone du stress, et cela engendre des conséquences graves sur le développement de l’enfant. »

J’ai un souvenir très vif de moi dans un berceau qui hurle et qui pleure terrorisée dans le noir qui appelle à l’aide, je veux qu’on me rassure. Personne n’est venu ce soir là, je ne sais pas si dans le fond c’est cette nuit-là qui ma permise de dormir la nuit, peut-être que c’est une étape obligatoire. Mais je veux arriver à une étape ou je sais que ma fille ne souffre pas d’un mal physique qui l’empêchera toujours de trouver le sommeil.

J’ose exposée mes pensées profondes parce que je pense que c’est le début de ne pas se sentir seule. Sans Instagram et les rencontres que je me suis faite je n’aurais jamais contacté une conseillère en lactation, une conseillère en sommeil, une chiropractie, je n’aurais pas eu de pistes vers l’intolérance aux produits laitiers et je serais sans doute restée seule dans mes nombreux questionnements.

Je rêve de trouver le moyen à toutes les femmes allaitantes ou non, qui souhaitent pratiquer le portage ou non, qui ont des questions sur le sommeil de leurs bébés ou non. Je souhaite ne pas laisser une femme se poser autant de questions que celles qui me viennent.

Je garde espoir !

Le soir j’y pense et je trouve cette ressource là encore et toujours : je ne suis pas seule, il existe d’autres femmes dans la même situation que moi, je pense qu’une femme berce son enfant au même rythme que moi au même instant et je vais mieux. Je ne pense pas aux conseils de mes proches, je pense à ma respiration, je compte jusque 100 et je me dis que je ne serai probablement plus dans la même situation que lorsque j’ai commencé à compter, je chante ma chanson favorite :

« Summertime, and the living’s easy, your dad is rich and your ma is good looking babe, so hush little baby, don’t you cry, until the morning, you’re gonna rise up singing »

« l’été, la vie est facile, ton père est riche et ta mère est belle, bébé, chut, petit bébé, ne pleure pas, demain matin tu te réveilleras en gassouillant »

Et je la visualise tous les matins depuis qu’elle est née se réveiller avec le sourire, tout en chantant, et en profiter pour dire ses premiers « papa » « maman ». Je m’accroche aussi à certains moments que nous partageons qu’elle et moi, quand elle plonge ses yeux dans les miens et que je vois dans ses yeux à quel point elle profite de cet allaitement. Mes doutes se lèvent : je ne peux pas me séparer de ce sentiment de plénitude même si ce n’est que quelques minutes par jour.

Vous n’êtes pas seule. Oui, c’est dur. Demain est un autre jour.

Cet article a 0 commentaires

  1. Carole

    Merci pour cet article instructif et authentique !
    Je reconnais pas mal ma fille en un peu moins intense, bientot 2 mois, impossible de la poser en journée sinon elle se met a HURLER et se met dans un état d’angoisse pas possible au bout de 5min, régurgitations fréquentes, elle accepte de dormir un peu à cote de moi la nuit mais se réveille toutes les 1-2h … mais elle est petite, j’ai espoir que ça s’améliore à 3-4 mois 😬
    En effet, l’allaitement me sauve, grâce aux hormones, je me rendors quasi instantanément la nuit après les réveils !
    Je vais tenter l’éviction de PLV peut-être… j’y avais pensé au début quand elle pleurait bcp mais comme ça c’était arrangé j’avais abandonné l’idée.

    J’espère que pour vous ça s’est un peu amélioré depuis la rédaction de l’article. C’est tellement dur de ne pas dormir, et tellement dur aussi de penser qu’il y a qqch qui les gêne sans savoir quoi 😓

    1. Aimer Maman Mail

      Ma situation a tellement évoluée. Je me suis beaucoup éduquée depuis sur le sujet. Si tu as un doute je te conseille vraiment chaleureusement d’essayer mais de façon stricte : pas de produits laitiers, bœufs et soja. Minimum 3 semaines (sinon vraiment tu n’en verras pas les effets).
      J’ai lu qu’il fallait 10 mois pour que l’intestin se remettre de l’infection que provoque l’allergie.
      Après dur à dire sur un petit bébé de deux mois. Tu peux aussi te faire conseiller par une conseillère en lactation. Ça peut aussi être un soucis de frein…
      Mais les coliques c’est 2-3 mois.
      Quel monde incroyable cette parentalité ❤️❤️❤️❤️

Laisser un commentaire