C’est quoi le co-allaitement ?
C’est le fait de maintenir un allaitement avec un bébé alors que l’on est enceinte et de maintenir cet allaitement une fois que le second bébé est né. On aura donc un allaitement d’un bambin cumulé à l’allaitement du nouveau-né.
Mon expérience du co-allaitement :
Je suis tombée enceinte une première fois en septembre 2022, et dès les premiers jours de co-habitation entre cette grossesse-là et l’allaitement de ma première, j’ai ressenti immédiatement de l’inconfort.
Malheureusement, cette grossesse s’est arrêtée en décembre 2022.
Ce qui a fait que ma première a relancé la lactation juste derrière. J’ai trouvé cela vraiment sensationnel, cette rapidité à laquelle le corps s’adapte à nouveau.
En janvier 2023, je tombe à nouveau enceinte, mais cette fois, c’est la grossesse qui mènera à l’arrivée de ma deuxième fille.
Et je dois dire que ce co-allaitement a amené son lot de surprises…
Photographie : ayla photographie
Pourquoi la lactation baisse pendant une grossesse ?
La progestérone, essentielle au maintien de la grossesse avec le corps jaune d’abord et le placenta, ensuite, va interférer avec la production lactée de la femme enceinte. La deuxième hormone qui va interférer, c’est l’œstrogène. Ce sont d’ailleurs les deux hormones qui vont permettre de retrouver un cycle. Cependant, à partir de la nidation, leurs quantités augmentent et interfère avec la lactation.
Peut-on allaiter et être enceinte ?
Oui, on peut techniquement allaiter et être enceinte. Cependant, il faudra prendre en compte plusieurs choses.
1- cela peut générer des douleurs.
Votre sein devient sensible durant la grossesse peu importe si vous allaitez ou non. De plus, vous produisez vraiment très peu de lait en comparaison de ce que prenait votre bébé avant. Cela veut dire que parfois le bébé « tète à blanc ». Il se sert alors du sein comme d’une tétine, même s’il n’y a plus de lait, il vient tirer dessus. Cette sensation peut être très douloureuse.
2- L’aversion
L’aversion, c’est un phénomène très peu expliqué, mais que beaucoup de femmes enceinte -ou non- feront l’expérience.
Il s’agit de votre enfant qui se met au sein, et vous ressentez subitement l’envie de le repousser, de devenir agressives et de pourquoi pas avoir envie de lui faire du mal. (sans que vous ne passiez pour autant à l’action).
Ne vous sentez pas coupable si cela devait vous arriver. Trouvez le moyen de raccourcir voire d’arrêter certaines tétées, c’est probablement votre corps qui vous lance un signal.
3- Attention aux apports de votre -vos- premier.s
Si vous allaitez votre bébé en étant enceinte, si celui-ci n’a pas encore un an, il est fort probable que vous deviez le complémenter avec du lait. La quantité de lait maternel durant la grossesse ne peut pas être augmentée puisque comme nous l’avons vu, il s’agit d’une réponse hormonale et non-mécanique.
Si votre bébé est suffisamment âgé et qu’il a suffisamment d’apport dans son alimentation solide alors il n’est pas nécessaire de complémenter. Assurez-vous avec une personne compétente que votre enfant n’a pas besoin de complémentation.
Mon expérience de co-allaitement :
Pour ma part, je n’avais pas prévu de complémenter ou non, je ne m’étais pas réellement posé la question. C’est finalement notre fille qui nous a donné l’info, puisque c’est elle qui s’est mise à nous redemander des biberons. Elle en avait reçu de ses 9 mois à ses 15 mois en mode de garde et je suppose qu’elle en avait gardé le souvenir.
On a donc commencé à lui donner un biberon par jour en soirée après avoir mangé.
Nous n’avons pas constaté de baisse de croissance.
Ce qui m’a choquée, c’est le jour où son papy lui a dit « Quand, il y aura le bébé, tu ne pourras plus téter, ça sera uniquement le bébé ». Bon papy ne savait pas qu’on avait l’intention de faire du coallaitement, mais surtout cela à généré chez elle énormément d’anxiété.
Si vous ne le savez pas, j’ai allaité ma fille à un sein à partir de ses 9 mois (l’article ici).
Donc il a été facile de lui expliquer ensuite qu’elle aurait toujours le gauche et bébé le droit.
Et le lait alors ?
Beaucoup de personnes me posent la question : « Mais ton bébé n’aura pas de colostrum alors ? ».
Eh bien si ! Justement, c’est la beauté du corps. Mon lait est toujours adapté à mon plus petit des deux.
Comme expliqué à partir du deuxième trimestre, le corps se met à produire moins de lait, mais en fait, il se remet à produire du colostrum.
C’est pour cela que certains bambins ne vont plus du tout vouloir téter parce que le gout ne leur plait pas.
Donc, à la naissance, nous produisons du colostrum, à nouveau. Ensuite, dans les 24h à 72 h, vient la montée de lait.
Mon expérience :
J’ai effectivement constaté pour la première fois que j’avais bien du colostrum et non plus du lait la veille de l’accouchement parce que j’ai tiré mon lait à ce moment-là.
Ensuite, j’ai accouché et j’ai vu que ma fille prenait du colostrum. 24 h plus tard ma montée de lait a débuté très tranquillement. Puis comme pour ma première, j’ai eu une montée de lait fulgurante et très douloureuse.
La première fois que j’ai vu un avantage au coallaitement, c’est lorsque ma première s’est jetée à grosse gorgée sur mon sein. J’ai pu gérer mes engorgements plus facilement.
Cependant, ce n’est pas si rose que ça…
Le problème étant que ma fille veut être au sein à chaque fois qu’elle voit le bébé prendre le lait aussi. Au début, avec la montée de lait, je trouvais, ça pratique, ensuite, j’ai trouvé ça envahissant et contraignant.
Si on est à table, que ma deuxième demande le sein et que je lui donne, ma fille va alors tout faire pour se caler et essayer d’attraper un sein.
Ensuite, bien que je lui avais dit « Elle aura un sein et toi l’autre », ce n’était pas forcément possible puisque je fais en sort de donner un sein puis l’autre en alternance.
Donc il a fallu passer par des phases de pleurs et de cris parce que le bébé avait pris « son » lait.
Je vais vous faire un aveu, je pense que le coallaitement, ce n’est pas pratique. Je crois que je suis restée coincée dedans parce que lorsque je suis tombée enceinte, ma fille n’avait clairement pas l’âge d’être sevrée et ensuite, je me disais « elle n’est pas prête ». (ce que je pense toujours).
Aujourd’hui, je dois assumer et ce n’est franchement pas si évident que ça.
J’aimerais qu’il existe des solutions toute faites, mais ça non plus, ça n’existe pas.
J’aimerais que ma plus grande arrive à envisager le sevrage, mais depuis le retour du lait, on peut dire qu’elle se régale. Je sais aussi que je n’aime pas l’idée pour l’instant de la sevrer alors que je vois bien quelle importance elle accorde à notre allaitement surtout avec l’arrivée de sa petite sœur.
Nous avons tout de même des moments extrêmement mignon pendant lesquels elles se tiennent la main en tétant.
Je me dis que le temps fait bien les choses et que comme à chaque fois, on trouvera l’équilibre.