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Lors d’un rendez-vous avec une maman qui souhaitait mettre en place un allaitement à l’amiable (C’est à dire un allaitement dans lequel on accepte plus toutes les tétées à la demande). J’évoque assez vite la notion de consentement et de respect du corps de chacun, parce que sinon comment expliquer qu’un jour on accepte toutes les tétées et qu’un autre on y mette un stop. 

Je lui dit cette phrase «  Tu pourras expliquer à ta fille lorsque tu souhaiteras refuser une tétée. Que c’est le corps de maman, qu’elle le partage avec sa fille, mais que si maman n’a pas envie et qu’elle ne souhaite pas à ce moment-là qu’elle tète le sein alors elle doit comprendre que ce n’est pas autorisé. » 

Cette maman est touchée par ces mots et elle me dit « J’avais complètement oublié que finalement c’était mon corps et que j’avais le droit aussi de dire non. On partage notre corps avec la grossesse et puis cela se prolonge avec l’allaitement mais au final, c’est mon corps que je choisis de partager ». 

Mon histoire de vie, à pour conséquence que je suis très attachée aux notions de consentement. Avant même d’avoir une fille je me disais « Il faut que je lui apprenne avant tout à dire non et à se protéger ». 

Comment enseigner le consentement lorsque l’on allaite ? 

Selon moi, il ne faut jamais donner le sein si l’on a dit non. Je m’explique. 

Il est 18h00, vous vous asseyez 5 minutes dans le fauteuil avant de reprendre le fameux tunnel du soir, et votre bambin se jette sur vous « Maman, je veux téter » ou chez les plus petits « nénéés ». 

Vous n’avez pas envie, vous êtes fatiguée et vous comptiez sur ces quelques minutes pour vous reposer et observer de loin votre enfant qui joue et pas vous retrouver à devoir supporter son poids sur vos genoux et de sentir qu’il s’agrippe à vous comme une moule à son rocher. (Si vous ne ressentez aucunes de ces émotions, je vous invite bien sûr à donner le sein et cesser de lire ces quelques lignes). 

Vous commencez par dire « non » et peut-être même de façon authentique « J’ai pas envie là! ». 

Puis votre bambin insiste, il se jette à terre comme si vous lui aviez appris que le père Noel n’existe pas.

Vous devez faire un choix soit mettre votre bambin au sein  et mettre un terme à cette crise soit  subir une énième roulade au sol, suivie d’un hurlement de vache égorgée. Alors en soufflant « Pfffouuuuu » vous mettez votre bébé au sein. 

Il n’y a eu aucun cadre, vous avez juste céder sous la pression du petit être de moins d’un mètre et non seulement vous n’avez pas eu vos 5 minutes, mais en plus vous vous sentez en échec face à cette capitulation. 

Vous avez en plus appris quelque chose d’autres à votre enfant : Si l’on insiste on peut obtenir ce que l’on veut, même le corps de quelqu’un d’autre. 

C’est pas un peu tordu ? 

Je SAIS, que je vais diviser avec mes explications, mais il ne faut pas grand chose pour contourner cette situation et poser un cadre tout en « cédant ». Parce qu’écoutez moi bien : C’est OK de céder. Tous les parents cèdent. Et tous se demandent s’ils ne sont pas de mauvais parents parce qu’ils n’ont pas insister et qu’ils ont fait ce que l’enfant « exigeait ». 

Comment poser un cadre ?

• Expliquer pourquoi on va quand même donner la tétée alors que l’on avait dit « non ».
• Expliquer que c’est mon corps et que j’ai le droit aussi de dire non, mais aussi de changer d’avis pour dire oui. 
• Et lorsque l’on va mettre ce bambin déchainé au sein, c’est de montrer une forme de compromis ex : j’aimerais que tu me demande gentiment pour avoir le sein, tu me cries dessus et je n’aime pas ça, peux-tu me le demander sans crier ? 

Les essentiels allaitement.

Montrer l’exemple 

Un autre élément qui va permettre de rendre ces moments plus facile, c’est aussi de montrer l’exemple. Comment est-ce que vous demandez à votre bambin de faire une tâche pour vous ? Comment vous le faites auprès des autres adultes qui vous entoure, votre partenaire, les personne chez qui vous allez en visite. 

Bref. Qu’est-ce que vois votre bambin au quotidien ? 

Mais aussi, comment est-ce que vous réagissez lorsque celui-ci vous dit « arrête » ou « stop » ou que tout simplement avec ses mains il va éloigner les vôtres de son propre corps ? 

Est-ce que lorsqu’il vous repousse vous prenez connaissance de son « NON » ou est-ce que vous l’ignorez parce que vous estimez être l’adulte et avoir le droit sur son corps à lui, ce qui quelque part lui donne aussi le droit sur votre corps. 

L’allaitement, c’est aussi le début de l’éducation. 

Si l’on part du principe que nous sommes des mammifères, nous devons alors prendre aussi exemple sur les mammifères « non-corrompus ». Les chiens, les chats, repoussent à un moment donné les chiots et chatons dans l’allaitement, pas pour les emmener au sevrage définitif, mais pour mettre des limites, puisque souvent quelques minutes plus tard, le chiot ou le chaton va être à la mammelle de sa mère. 

Combien d’entre vous (moi incluse) on fait part de cette sensation forte de vouloir repousser son bébé ? 

Combien ce sont dit, passé un certain stade, « cette tétée, j’ai pas envie de la donner » ou « une seconde de plus et je vais lui faire du mal tellement j’ai envie que cela s’arrête ». 

Mais vous n’osez pas le faire parce que vous avez si souvent entendu parler de « sevrage exprès » ou de « baisse de lactation » (qui est vraiment très peu probable auprès du bambin.). 

On vous menace et on vous rappelle à l’ordre « l’allaitement est lien si doux, si précieux avec son petit bébé, il ne faut jamais refusé une tétée, vous allez traumatiser votre enfant si vous le faites ». Pourtant dans votre corps tout crie pour que cette tétée là s’arrête ou n’ait pas lieue et que cela n’a pour autant pas d’incidence sur votre envie de maintenir l’allaitement dans le temps. 

C’est donc une opportunité pour mettre en place une éducation qui permet à l’enfant de comprendre quel est le cadre dans lequel il vit. 

• Est-ce que ma maman me montre que c’est ok de crier pour avoir le sein ? 
• Est-ce que ma maman m’autorise à me servir de ce corps quand bon me semble ? 
• Est-ce que c’est acceptable de faire quelque chose pour quelqu’un alors qu’on n’en a pas envie ? 

Bref. C’est déjà le début de l’éducation et mon avis c’est que c’est aussi à ça que sert l’allaitement, à éduquer nos enfants. 

Je sais que ce texte sur l’éducation des enfants peut générer chez vous du doutes, des questionnements, des interrogations. N’hésitez pas à mettre en commentaire de cet article ce que vous en pensez pour que l’on puisse en discuter.